VERDUN
Sur les chemins de la mémoire, il y a Verdun. L’Histoire et la souffrance des hommes se sont donné rendez-vous sur cette terre sombre, désormais gorgée d’ossements et de débris d’armements comme autant de témoignages dérangeants d’une réalité de l’horreur, sur laquelle le regard et la pensée se posent précautionneusement, moralement endoloris par la teneur sacrée du passé. On ne se rend pas dans cette région, posée avec recueillement à l’extrémité Est de la France, tel un médaillon ancien que l’on regarderait, parfois, avec le respect dû aux souvenirs précieux, sans motivation ou goût pour l’humanité. Ce lieu cristallise, entre terre défigurée et ciel gris, la peur, le froid, l’angoisse, la solitude et la promiscuité, le vacarme des combats, les cris des blessés, la solidarité des combattants mais aussi leur détresse devant l’insoutenable issue de la mort dans des conditions d’atrocité inconcevables pour nos esprits bercés par le confort de la vie moderne. Les tranchées, étroites et boueuses, les cratères où furent engloutis les espaces de vie d’autrefois, fermes ou hameaux, villages détruits dont ils ne subsistent que d’émouvantes chapelles, érigées après la guerre à l’emplacement des églises disparues pour garder intacte la vérité de ces lieux devenus fantômes, massacrés par la folie guerrière, tout ici exprime l’idée du deuil, de l’absence, de l’isolement.
La vie s’est retirée, en cet endroit étrangement retiré de notre quotidien banal, en un reflux tellement brutal que près d’un siècle plus tard, elle semble hésiter à y revenir complètement. Aux alentours des anciens champs de bataille, la ruralité paraît endormie dans un calme respectueux des temps douloureux que l’on ne saurait oublier. Les communes, discrètes, alternent avec des étendues agricoles sans arbres ni animaux, laissant une simplicité austère imprimer avec dignité sa marque d’un traumatisme si intense que le passage des générations ne pourrait en atténuer la profondeur.
En visitant le Fort de Vaux, l’Ossuaire de Douaumont, la Citadelle souterraine de Verdun, le Cimetière militaire américain Meuse-Argonne, le Mémorial ou le Musée de la guerre de la mairie de Verdun, le rapport qui se fait à la culture historique est celui de la mort qui a fauché tous ces jeunes hommes. La confrontation la plus immédiate, face aux croix blanches alignées par milliers, aux croix noires des vaincus regroupées dans des coins reculés, aux photos, aux textes explicatifs, aux vestiges, aux reconstitutions historiques, aux visites qui détaillent cette époque balayée des vents fous d’une barbarie sans mesure, fait surgir le prix immense de la vie. L’honneur, le devoir, la défense de la patrie, le courage, l’abnégation de ces humains, jetés en pâture aux calculs de l’Histoire, atténuent à peine l’incontrôlable sentiment de gâchis, de désolation, de tristesse que soulève cette incursion salutaire dans une époque dont les meurtrissures trouvent un écho parmi les conflits actuels. Une seule réflexion s’impose alors à l’esprit comme une évidence: le mot "PAIX".
HELENE GLAMA
Certain pense qu'il n'est pas important de parler du passé, des guerres.
c'est vrai je l'ai pensé Mais depuis que je suis allé à Verdun avec le conseil des jeunes
je trouve que ce voyage était génial super intéressant et que le mur d'expression est très important pour rappeler ce qui s'est passé. Justement il est mieux d'en parler que de le cacher.